12 Ağustos 2010 Perşembe

Voici quelques lignes écrites par cinq* poètes d’Azerbaïdjan du Sud actuellement en prison,

                                                                                                             


 AKBAR AZAD

                                                                  ADAGES  I
                                                                    (Anasözü)

Ma mère disait

Un :

« Il y a des poètes qui n’écrivent jamais, mais ils vivent...

Il y a des poètes qui écrivent beaucoup, beaucoup trop, ils ne vivent jamais… »

Deux :

« Le poète qui connaît la rue, il ne perd pas la ville au carrefour »
Trois :

« Ecrire debout sur ses pieds (par exemple dans une cellule), marcher et ressentir les pieds comme ils sont : ça aussi c’est une sorte de poésie »
Quatre :

« De rien au vide. De l’être au néant. De toi à moi : nous ne sommes pas de la même substance, parce que nos rêves ne sont pas semblables »
Cinq :

« Les boutons battent dans le cœur. On peut vivre aussi sans chemise, mon fils ! »
Six :

« A quoi servent les gants, ô, belle! si les mains sont belles... »
Sept :

« Qu’est-ce qui est aussi simple que la vie. Si on pouvait vivre tout simplement »
Huit :

«Les mères pourraient vivre sans heure : si le Soleil les aidait »
Neuf :

« Si on ne pensait pas à penser, on vivrait »

Dix :

«Si tu te déshabillais de tes pensées, tu m’aimerais »
Onze :

« Dans l’Unité, le futur de la beauté se fane sans faire éclore aucun bourgeon »


                                                       ADAGES   II
                                                           (Atasözü)


Mon père disait :

Question :

« Pourquoi personne ne pense à la lourde fatigue que ressent le chemin, pourquoi ? »

Zéro :

« Quand les Indiens pétrissaient la pâte du Zéro, à quoi pensaient-ils ? Pourquoi pensaient-ils ? »
Miroir :

« Si je pouvais compter les fatigues des rides de mon visage, ah !... »
Bonheur :

« Si la voix du pont fait sursauter les petits poissons, elle caresse ce que j’ignore en un lieu que je n’aperçois pas »
Rêve :

« Ma racine : c’est une silhouette sans ombre. Mon ombre est le nid des silhouettes. Je suis une mer sens dessus dessous : sans souvenir, sans rêve »
Lointain :

« Bleu, tout bleu, cette eau pure, même si elle ne le veut pas : dans l’horizon lointain -oui, l’horizon lointain-, un jour sans qu’on sache lequel, s’évanouira »
Mort :

« Moi, même si le sursaut de la mort survient, je peux aller à sa rencontre -oui, vers elle, - j’ai tout appris de cette eau si bleue et si pure »
Moi et l’autre :

Il ignore mon passé, mon présent. Il ignorera mon futur aussi.

Moi, il ne peut pas m’ignorer . -Regardez !- Moi j’existe, je suis devenu et je serai. »

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SAİD MATİMPOUR


                       « QUI NOUS INDIQUERA LA ROUTE QUI MÈNE AU PASSAGE ?»

                                                              (Keçid yolunu kimmi gösterecek ?)



Quelqu’un qui a une main qui est un arbre

Quelqu’un qui a une main de fer

Quelqu’un qui a un cœur d’or

Quelqu’un qui a un cœur d’argent

Quelqu’un qui a un cœur fait d’eau

Si je pouvais me transformer en arbre,

Tu t’en vas, et tu t’accroches au fer,

Tu regardes : l’or t’éblouit

Tu le prends, et l’argent se courbe dans ta main,

Tu rentres dans l’eau et elle te noie.
Qui nous indiquera la route qui mène au passage ?

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İBRAHİM RACHİDİ (SAVALAN)

                                                                           A l’occasion du 8 Mars (Journée de la femme)



                                                       LES YEUX DE MA SŒUR
                                                                  (Bacımın Gözleri)



Ils n’ont jamais vu la profondeur des choses,

Les yeux de ma sœur.

Ils se sont contrariés même à l’égard de ses proches

Les yeux de ma sœur.

A demi effrayés, à demi offensés,

Les yeux de ma sœur

Ils avaient appris à attendre un futur éternel,

Les yeux de ma sœur.
Celle qui n’a jamais exprimé ses désirs,

Car elle n’a pas appris à s’exprimer,

C’était ma langue maternelle.
Elle n’a rien demandé à son mari,

Elle aurait désiré qu’il la comprenne,

Sa langue maternelle
Elle n’a même pas demandé à être comprise

Car elle n’a rien demandé

Ma langue maternelle
Qui sait ?

Peut-être avait-elle tout vu profondément

Peut-être n’avaient ils rien vu

Les yeux de ma sœur.

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İBRAHİM RACHİDİ (SAVALAN)



                                                         SI JE ME FAISAIS ARRÊTER DE NOUVEAU

                                                                                (Bir daha tutuqlansam)


Si la rose éclot encore

L’été n’est pas fini

Je planterais un arbre à cinq branches

Pour ma petite sœur :

- « Chaque jour les arrose »

Lui dirais-je.

Dans le tableau de nos champs

Je planterais une étoile, la Lune

Parce que nos trèfles

Poussent à la lumière de la Lune.

Si je me faisais arrêter de nouveau,

La lune qui est dans le tableau

Sera arrêtée aussi.

J’écrirais une lettre pour ma petite sœur,

Et j’écrirais :

- « Frappe le grand plat de cuivre,

Que les djinns s’enfuient

Alors la Lune réapparaît »

.......................

MAHMUD FAZLI (BARIŞ)


                                                     CEUX QUI S’INVITENT PAR LA FORCE

                                                                          (Zorakı qonaqlar)

                                                                                  (Dédié à ma bien-aimée qui garde la tête haute)


Hier soir, il était minuit,

Ils ont envahi nos maisons

Ils étaient cinq hommes.

Ils ont tout saccagé

Ces invités indésirables.

Oh, mes pauvres livres !

Ces faibles mains ne sont pas dignes de vous…
Oh ma bien aimée !

C’est toi, celui qui ne baisse pas la tête, jamais !
Mais à présent,

Je t’aime autrement
Comme si le jour ne refleurira plus

Après cette nuit
Ils sont repartis.

Mais alors ils étaient six…
En bas, devant une femme qui gardait la tête haute

Pleine de courage.
Ils sont passés, mais retentissait un cri

Un cri d’enfant en pleurs
Mais, (hélas…) ce cri n’était pas assez fort

Pour briser le silence de la nuit
........................



RAMIN CABBARLl


                                                          VOILA CE QUE JE HAIS…
                                                                       (Niferet etdiyim…)



Le Dieu que je hais

C’est le dieu de la pluie

Quand les ruelles se colorent de sang

Il envoie la pluie blanche

Pour effacer toutes les traces des crimes

C’est comme ça, mon ami !
Le Dieu que je hais

C’est le dieu de la pluie

Quand on parle de la rue colorée de sang

Avec sa pluie blanche

Il répand un mensonge blanc* sur le visage du monde


* « mensonge blanc » en langue turque azerbaïdjanaise « aq yalan »signifie « grand mensonge »



(Textes traduits du turc azerbaïdjanais par Jeanne Gamonet et Süleymanoğlu)

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