26 Eylül 2010 Pazar

A Monsieur Sylvestre Clancier le Président du P. E. N club international (section française)

Uluslararası Pen Club Dərnəyinin (Fransa Bölməsi) başqanı Sylvestre Clancier bəylərinə yazdığımız son bitik.

A Monsieur Sylvestre Clancier le Président du P. E. N club international (section française)
6 rue François Miron, 75004 Paris
                                                                                                  Paris le 20. 9. 2010

Monsieur le Président,

Nous, Jeanne Gamonet et Süleymanoğlu, membres du Pen Club section française, sommes très heureux de l’initiative que vous avez prise concernant une soirée au Lucernaire, à laquelle nous nous rendrons bien sûr.

Mais si nous prenons la liberté de vous écrire aujourd’hui, c’est pour vous informer d’un petit problème qui préoccupe sérieusement Süleymanoğlu, poète et écrivain d’Azerbaïdjan du Sud,
réfugié politique en France, qui a subi en Iran comme prisonnier politique des persécutions importantes de la part du régime perse islamique : auteur de 7 ouvrages publiés et de centaines de conférences et d’articles, doctorant en turcologie à l’Inalco de Paris, qui lutte sans relâche pour la liberté d’expression et en faveur des écrivains, poètes et journalistes d’Azerbaïdjan du Sud incarcérés de plus en plus fréquemment en Iran.

Nous avons tout d’abord écrit au Pen Club le 5 Juin de cette année à propos de la vague d’arrestations de dizaines de poètes, écrivains et activistes d’Azerbaïdjan du Sud en Iran.

Mme Barrière nous a répondu par un aimable petit mot qu’elle avait bien reçu notre courrier, puis M. Süleymanoğlu a rencontré lors d’une réunion au Pen Club le Secrétaire général qui lui a demandé de traduire en français quelques textes et poèmes d’écrivains d’Azerbaïdjan du Sud emprisonnés.
Depuis ce jour, nous avons traduit des dizaines de textes d’écrivains en prison en langue française, notamment de M. Akbar Azad, qui ont été publiés dans la revue du Pen Club.
Puis, nous sommes rentrés en contact avec M. Christian Deudon qui a semblé être extrêmement intéressé par la situation en Azerbaïdjan du Sud et surtout par celle des écrivains et poètes emprisonnés. Pour nous, ce fut une occasion inespérée de dire la vérité sur la situation de l’Azerbaïdjan du Sud en Iran.
Nous avons -entre autres- écrit le 9 Août un article intitulé « Azerbaïdjan du Sud, pays des prisonniers politiques », et plusieurs rapports concernant plus précisément les écrivains emprisonnés que nous avons adressés à M. Deudon, mais jusqu’à aujourd’hui nous attendons avec impatience légitime une réponse de sa part.

Entre temps, la santé de plusieurs prisonniers, surtout celle de M. Azad , maître de la littérature azerbaïdjanaise du Sud, s’est fortement altérée, notamment après des tortures, alors que certains écrivains incarcérés dans la même prison (à Tabriz) ont dû subir diverses tortures, en particulier par chocs électriques. Nous serions vraiment heureux de recevoir de la part de M. Deudon, qui semble très difficile à joindre,(bien qu’il nous ait donné son adresse, son téléphone personnel et son adresse mail) un petit signe nous indiquant qu’il a bien reçu nos courriers et messages et qu’il envisage de parler de nos amis incarcérés et de nous laisser lire certains poèmes fort poignants au Lucernaire.

Nous avons avec l’aide du poète et écrivain d’Azerbaïdjan du Sud en exil en Allemagne, M. Vali Gözətən, créé un site qui vous donnera tous les renseignements qui vous seraient nécessaires : http://tutsaqyazarlar.blogspot.com

Nous attendons avec confiance du Pen-Club une déclaration officielle qui condamne ce crime contre la liberté d’expression, surtout celle des écrivains qu’on jette en prison pour le seul crime d’avoir écrit dans leur langue maternelle des poèmes qui ne sont pas des appels à l’insurrection, même des poèmes d’amour….

Nous attendons aussi une réponse à notre demande du 6 Juin d’accepter que M. Akbar Azad, jeté pour la sixième fois en prison malgré sa maladie, comme membre d’honneur du Pen Club section française. Ce geste serait pour tous les Azerbaïdjanais du Sud une grande joie car M.Azad est à la fois écrivain, traducteur, journaliste, originaire de la ville d'Ardebil (Azerbaidjan du Sud), résidant à Téhéran. C'est un des fondateurs de plusieurs associations culturelles, par exemple "Association de la langue et de la civilisation". Il collabore activement avec les publications littéraires et culturelles d'Azerbaïdjan du Sud, surtout "Varlıq" et "Yarpaq".
A cause de ses activités littéraires il avait déjà été cinq fois emprisonné. Véritable défenseur des Droits de l'Homme, la dernière fois qu'il avait été incarcéré, c'était pour avoir été à l'origine d'une pétition demandant la libération d'un écrivain et traducteur arabe d'Iran (Yusuf Azizi Banitorof). Il combat pour toutes les minorités linguistiques qui se trouvent en Iran (Beloutches, Arabes, Kurdes, Turkmènes, etc.)
Voilà la raison pour laquelle nous vous suggérons de l'accepter comme membre d'honneur du Pen-Club International (section française) afin de rendre hommage à son courage et à son combat pour la liberté d’expression.

Espérant recevoir une réponse positive à nos requêtes et avoir peut-être l’honneur de vous rencontrer, nous vous prions, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de notre profond respect.

Jeanne Gamonet (linguiste, poète, doctorante à l’Inalco, auteur d’un roman publié par les Editions Gallimard et d’une quantité d’articles sur la langue et la littérature rromani -tsigane-)
et Süleymanoğlu.

17 Eylül 2010 Cuma

İbrahim Raşidi (Savalan) ilə Seyid Heyder Bayat´dan çevirilər


İbrahim Raşidi (Savalan)

Ces deux poèmes de M. Savalan, poète d’Azerbaïdjan du Sud, que vous allez lire, ont été écrits en prison.


DANS LES YEUX DE MA PATRIE
(Ölkəmin Gözündə)

Je m’éloigne du rivage de la mer
Au loin
Tout nu, me promenant de mer en mer
En me baignant encore et encore dans les rivières
Adieu, la Terre !
Au dessus de ma tête le ciel de ma patrie
Tout bleu
J’ai nagé dans les paupières des yeux de ma patrie
Tout bleus
Les pierres de la mer sont bleues
Autant que mes yeux peuvent les apercevoir
Mais sur le visage du ciel j’aperçois le point lumineux du soleil
Et moi, dans les yeux de ma patrie,
Je ne suis pas le Ciel
Je suis heureux de ne pas être le Ciel!

La Terre est devenue jalouse du Ciel
Elle veut le faire s’écrouler sous ses pieds
Un jour le Ciel va s’effondrer.


JE T’AVAIS DEMANDÉ UNE PHOTO
(Səndən Bir Şəkil Diləmişdim)

Moi j’ai l’habitude de cueillir ce que j’aime comme on cueille une grappe de raisin

Tresse une corde qui pende dans votre jardin, ma bien-aimée,
Chaque matin, avant que ne se dissipe l’obscurité
Pends les lettres que tu as écrites, sensuelles,
Je viendrai les cueillir
N’envoie plus de lettres à la prison
Le khazi va les lire
Et chacun de tes mots sensuels deviendraient des bâtons
Pour l’instant laisse ces mots
O ma bien-aimée

Je t’avais demandé une photo
Tu m’avais dit « comment la désires-tu?»
Tu le sais très bien, mieux que moi
Ne me pose pas la question
-Mais- tes yeux ne doivent pas se remplir de larmes
Ne prends pas de roses dans ta main
Si tu le veux, disperse tes cheveux bouclés
Sur tes épaules,
Si tu préfères, tu peux les déployer sur ton visage
Ou alors natte-les
Mais ne t’assieds pas jambes croisées entre les fleurs
Ne t’assieds pas sur le divan dans la chambre

Ne te fâche pas, ma bien-aimée,

Regarde ce que j’aime derrière les barreaux de fer
Et prends ces barreaux dans tes bras
De suorie en sourie.



Seyid Heyder Bayat

CE PAYS
(Bu Ölkə)

Je sais bien que ta taille n’est pas assez grande pour que tu puisses me prendre dans tes bras
Tu n’es pas assez grande:
Les cordes avec lesquelles on pend dans ce pays sont trop longues

Elles ont été faites pour pendre tellement haut!
Lors de notre toute dernière entrevue
Tu n’auras pas pu me serrer dans tes bras
Car ta taille n’est pas assez haute


APRES LA GUERRE
(Savaş Sonrası)

Si c’est toi qui panses mes blessures,
La guerre ne me paraîtra pas si difficile

Mais je ne suis pas certain
Qu’après avoir gagné cette guerre,
Nous serons enfin joyeux.



ORNEMENT
(Bəzək)

L’étoile, c’était quelques mots
Je l’ai retrouvée dans une chanson ancienne
Mes nuits, disait ma mère, ne seront pas privées d’ornement
Car elle avait caché une étoile
Dans les chansons


LA FOI DE LA COLOMBE
(Göyərçin İnamı)

Le pigeon voyageur porteur de mes mots
Il savait bien
Que le printemps ne reviendrait pas vers moi


PERCEVOIR LE CORBEAU
(Qarğanı Duymaq)

La théosophie était arrivée à son terme
Le corbeau prenait son envol
Il fait tomber une crotte sur l’Asfar*
Dans une rivière plus malicieuse que le village de Kehek*
Il n’a regardé ni Balkh*
Ni Suhraward*
Il a croassé

Les pierres n’ont pas dit un mot
Ni les cavernes
Pourtant elles ont bien entendu
Moi aussi
Je me suis longuement demandé:
« Que disait-il, le corbeau? »

La pierre était la pierre
Et la caverne la caverne
Mais moi, je n’étais pas moi-même
Dans mes sentiments maquillés

Quand j’ai trouvé ta place vide
Mes sentiments souffraient
D’entendre le corbeau.


*Asfar : le fameux livre écrit en arabe par le théosophe iranien shi’ite Mulla Sadra Shirazi (mort en 1640) .

*Kehek : petit village près de Qom où était exilé Mulla Sadra Shirazi.

*Balkh : Ville natale du célèbre mystique turco-musulman Djelal aldin Mevlana Roumi (né en 1207, mort en 1273)

*Suhrawrad : ville natale (près de Zandjan) du célèbre théosophe azerbaïdjanais du Sud Shahab aldin Yahya Suhrawardi (dit « le Martyr » 1155- 1191), fondateur de la « Théosophie Orientale » qui avait été assassiné à Alep tout jeune, soupçonné d’hérésie.

Traduit du Turc azerbaïdjanais par
Jeanne Gamonet
Süleymanoğlu
Vali Gözətən

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