17 Mart 2011 Perşembe

Altı Güney Qoşuqçunun qoşuqları Fransızcaya çevirildi

Fərrux Bəxtiyar, Isa Zeyni, Araz Qarabağlı, Yürüʂ Mehrali Bəglu, Zaman paʂazade, Ilqar müəzzinzada



Bɘxtyar Farrux

La lumière dispersée se cache dans les bras
(Qucaqlarda gizlənər saçılan isıq)

1.

Comment puis-je vous raconter ce que j’ai vu ?
Et ce que je n’ai pas vu ?
Vous devriez le voir.


2.

Un jour, je suis devenu la Lune
Ne me demandez pas ce que j’ai vu
Et ce que je ne suis pas parvenu à voir

3.


Ma pensée
N’offense personne
J’ai voulu tout simplement être moi-même

4.


Désormais l’instant devient
Monumental, ici
Dans le bras qui coule de notre époque fluide

5.


Où dois-je suspendre,
La cape
De mon apatridie ?

6.


J’étais avec mon Dieu à moi, là-bas
Mon Dieu a bu la cigüe
Puis il se crucifia
Puis on l’a assassiné avec des bougies-
Enfin il a été écorché vif,
Mais il s’éleva au dessus de la potence…

7.

Elle se cacha derrière le cache-cache
Je la cherchai de longues années
Je me suis fatigué dans les bras de mon rêve
Anéanti
Elle était cachée dans mes yeux.

11.


Sans dire :
Le printemps
     L’été
          L’automne
               L’hiver
Tu peux ouvrir la fenêtre de mon cœur
Soit avec gaieté
Soit comme une élégie
Tu arriveras à cueillir une brassée de fleurs piquetées de noir…


14.


Je suis un lion qui rugit
Dans l’harmonie de mon rêve
N’oublie surtout pas !
N’oublie pas que ce ne sont que des apparences.


17.


Dans la parole.

Je ne suis qu’un mot
Dans la parole…


22.


Il pleut.
Je parle avec mes mots

Est-ce la nuit qui est assise sur le banc de métal
De la dernière station ?

Mes soucis tout d’un coup sortent de ma poitrine pour espionner.

Il pleut toujours
Mes mots, pour se protéger de l’humidité
Pour ne pas être trempés
Commencent une bataille entre vie et mort :
Certains d’eux se perdent,
Certains autres meurent…

Hay ! hay !
Penser…je n’ai pas le temps
Serré
Mon être.



24.


Je suis devenu le verbe pleurer
Mais les larmes ne sont pas venues
Je suis devenu le verbe rire
Mais le rire n’est pas venu

Je suis devenu sans pleurs et sans rire.

Et enfin j’ai compris pourquoi.


30.


Mon cœur est orphelin
Devant les mauvais
Il cherche son désir parfois si on lui permet

Etre sans toi est une sorte de silence, en toi, avec toi
Malgré tout cela,
Cherche un chemin…




Yürüʂ Mehrali Bəglu

Au-delà d’aimer
(sevgi otesi)

L’amour est la source du bonheur
La fontaine de la beauté :
On le dit.
Si tu aimes, tu es heureux
Ce que tu aimes est beauté
Parce que l’amour est la racine du désir et du plaisir
Si tu aimes
Chaque instant est plaisir
Chaque instant a sa saveur
L’amour est le sommet de tous les désirs
Dans ce sommet on peut retrouver tous ces plaisirs
On le dit.

Mais moi, je suis très heureux, ici
Parce que j’aime ma mère, ma patrie, et ma bien-aimée
Je suis ravi, d’aimer mon enfant et mon pays

Vous allez me dire : aimer ainsi ce n’est pas difficile
Vous allez me dire encore, tout le monde aime de cette façon-là
Et aimer… ?

Je brûle
(yaniram)

Je brûle de te voir
Je suis devenu une braise pour toi, ô mon petit
Je suis tellement ardent qu’un instant me semble mille ans

Je ne serai jamais rassasié de te voir
Mon cœur dit comme un enfant : « Je ne serai jamais rassasié de toi »
J’ai tellement soif de toi
Chaque chose me fait penser à toi
Les mirages me trompent
Mais moi je ne me fatigue pas de ces mirages
Car ils sont les brûlures de mon cœur
Je reste la tête haute entre les mirages

On m’a dit « il y a une façon de t’extirper de cette brûlure,
Un chemin pour effacer cette brûlure pour toujours
Un chemin vers la fin de cette douleur »

A ce moment-là, toutes les brûlures s’apaiseront
A cet instant là toutes les douleurs disparaîtront
On m’a dit, on m’a dit : « Courbe la tête devant nous et dis
Ce qu’on t’ordonne de dire »

Mais ils ne savent pas, eux, si je me courbais,
Je finirais moi-même avec mes brûlures
Je veux finir moi-même avec tout ce que j’aime.

(Prison de Tabriz)

Témoignage de M. Yürüʂ Sa femme était emprisonnée elle aussi et leur petit Tatar
de trois ans n’a pas pu avoir de visite de ses parents pendant neuf mois.
M. Yurus est un poète spécialisé dans les poèmes pour les enfants…
Voyez un exemple écrit en prison, dédié à son fils et à tous les enfants :


Oh les enfants, oh les enfants…
(Uşaqlar ay uşaqlar)

Oh les enfants, oh les enfants
Venez ici, il y a un oiseau
Il ne marche pas, il ne court pas,
Ses ailes ne s’ouvrent pas.
Pourquoi ?
Ses ailes sont cassées,
Ses pattes sont brûlées
Venez, les enfants, on va aider cet oiseau
On va mettre des crèmes sur ses pattes
On va panser ses ailes
On va le garder jusqu’à ce qu’il guérisse
Et puisse manger, et boire, et chanter
Et puisse s’envoler de cette cage
Et pour cela il lui faut la force de la casser
Cette cage, sa prison,

Oh les enfants, oh les enfants
Chantons ensemble
Que la cage se brise
Que ce qui casse les ailes devienne sans ailes
Et ne voie jamais le visage du ciel
Oh les enfants, oh les enfants, au secours !

(Dans la cellule de la prison de Tabriz)


Araz Qarabağlı

Le petit Tatar, le fils de Yurus
(kiçik Tatar’a sunulur)

Moi je suis le fils des montagnes.
Je suis Tatar, je suis Turc
Vous savez, moi j’ai mangé le cœur d’un loup.
Moi, j’ai dit « Œil pour œil »
C’est ma mère qui m’a éduqué
Elle m’appelle « Tatar ».
J’ai grandi peu à peu
Et je suis arrivé au Ciel.
J’ai cueilli une étoile, et un morceau de la Lune
Je les ai assemblés tous les deux
Et j’en ai fait mon drapeau dans mon cœur.
Cela sera pour mon peuple un out petit cadeau pour moi,
Moi je dis toujours : « l’étoile, la Lune »
Moi je dis toujours « l’étoile et la Lune » :
Qui peut résister devant le Ciel
Je m’appelle Tatar.

(poème écrit par Araz Qarabagli, dans sa cellule de la prison de Tabriz,
et dédié au petit Tatar)


Isa Zeyni

Seulement, ton ombre va dire « bon voyage » à ton corps
(Yalnizca kolgen yola salar govdeni)

1)
Tu es assise dans la voiture,
Et moi,
Je me multiplie

(Chaque matin très tôt,
Entre deux miroirs
Miroir blanc
Miroir noir.)

…Je conduis comme un fou !
Sans regarder devant moi
Ne cille pas
…Sinon nous allons mourir


2) Un ghazal dédié aux prisonniers
(Kefin olsun!)
Un jour on va me mettre des menottes, que ce soit ma fête !
On m’enverra à la prison comme un cadeau, que ce soit ma fête !
Derrière moi ma nostalgie percée va remplir les creux
Dans mon ombre, la mort va danser une danse vive, que ce soit ma fête !
Une peur de la mort est venue, et le cercueil du destin a ignoré
Avec la balle c’est la vie qu’il va envoyer, que ce soit ma fête !
Moi je brûle, la blessure de mon peuple, avec la frustration
Dans ma poitrine, ici, va naître l’aurore, que ce soit ma fête !
A la santé de mon peuple, je bois la douleur et je deviens ivre
Le sang va tacher ma ceinture, que ce soit ma fête !

Ô toi, qu’est-ce donc que cette mélancolie ?
Je cherche la lumière dans cette lucarne étroite
Le jour, le soleil aura beaucoup de branches ! Que ce jour là soit ma fête !

(Ghazal moderne de style classique écrit dans la prison de Tabriz)


Zaman paʂazade

2)
(iki)
Pour deviner à qui étaient les mains qui m’ont bandé les yeux
J’ai récité un par un
Les noms de tous mes amis proches

Quelques heures plus tard…
Tous ceux dont j’ai récité les noms
Je les ai trouvés avec moi dans la prison.

3)
(üç)
Jette les pierres magnétiques
Arrête les de ton index…
Moi je suis de là-bas !
N’oublie pas
Mon nom est : «Homme »



Ilqar müəzzinzada

La Facture
(Qəbz)

On m’a mis les menottes. Mais pourquoi ? Quelle est la différence entre moi et celui qui apporte les factures du téléphone ? Hé ! Lui, il facture les dettes des gens de la part de l’Etat dans la journée. Mais moi, je distribue des factures: ce que l’Etat doit aux citoyens.


La différence entre moi et Newton
(Niyoton ilə Mən ayrımı)

Newton était aussi un mec, toi aussi. Mais il y a une différence entre toi et lui : Newton a découvert l’attraction terrestre lorsqu’une pomme lui est tombée sur la tête. Mais moi, je suis tombé mille fois dans ta tête, et ce ne fut pas une découverte.



Choisi et traduit du turc azerbaïdjanais par Jeanne Gamonet et Süleymanoğlu

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