19 Kasım 2010 Cuma

15 Novambre 2010: Journée Mondiale des Ecrivaines en Prison

 
 


CULTUROCIDE DE L’AZERBAIDJAN DU SUD EN IRAN

Connaissez-vous un pays qui s’appelle « Azerbaïdjan du Sud » ?

C’est le pays qui combat depuis plus de 80 ans pour étudier et diffuser sa langue maternelle, interdite officiellement depuis 1925.
Un pays qui fut coupé en deux en 1828  après la guerre qui opposa le tsar à l’Iran.

La partie Nord, peuplée de 8 millions ½ d’habitants, est une république aujourd’hui indépendante après la chute de l’URSS, sa capitale est Bakou.

Le Sud, qui compte plus de 30 millions d’habitants, a été annexé par l’Iran Sa capitale est Tabriz.
Les Azerbaïdjanais du Sud ne sont donc pas, comme on le prétend, une minorité en Iran.
Depuis 1925 il n’y a pas eu de statistiques ethniques en Iran, seulement religieuses. Mais en 1950, le gouvernement du colonel Razmara effectua une statistique officielle sur base ethnique révélant que 40% des habitants de l’Iran étaient des Turcs, les autres étant Perses, Louri, Kurdes, Beloutches, arabes, et autres.

Comment l’Iran, qui a absorbé l’Azerbaïdjan du Sud, peut-il mentir -suivi par les Occidentaux mal informés, au point d’appeler le peuple turc « minorité » ?

L’Azerbaïdjan du Sud, moteur de la révolution constitutionnelle de 1906 amena un Parlement, les premières écoles modernes, après avoir créé auparavant les premières imprimeries, diffusé la culture, la littérature en transmettant des livres. La première université laïque s’ouvrit aussi en 1944, et le premier théâtre à une époque où il n’existait aucun théâtre en Iran
Tabriz, la capitale, étape incontournable de la route de la Soie, que les voyageurs Français appelaient « le Paris de l’Orient », est devenu aujourd’hui d’après un haut responsable perse (Akbar Rafsandjani) « un grand village ».

Les Azerbaïdjanais se sont révoltés plusieurs fois contre cette discrimination, commencée en 1925 et qui dure encore. 

Ils avaient construit leur propre république dont la langue turque était la langue officielle, mais qui de dura qu’un an, entre 1944-45, et fut détruite par le régime de Mohammed Reza Pahlevi avec l’aide des Etats-Unis au prix de dix mille morts et trente mille exils, mais dans leur esprit jamais cette époque de liberté et de justice ne s’est effacée.
Les Azerbaïdjanais du Sud, bien qu’ils aient été les pionniers de la révolution de 1979 qui chassa le régime pahlévide, ne gagnèrent que deux articles constitutionnels (art. 15 et 19) permettant à chaque région d’utiliser sa propre langue, mesures qui bien sûr n’ont jamais été appliquées.

Après la révolution, les intellectuels, les écrivains, les enseignants, les poètes réclamèrent leur droit naturel à étudier dans leur langue maternelle, ce qui leur fut refusé sans appel.
Mais le mouvement de réclamation pour la langue maternelle ne s’est jamais arrêté. A chaque occasion, les Azerbaïdjanais faisaient valoir leur droit à leur langue.

En 1980-81, les Azerbaïdjanais du Sud, révoltés par cette politique d’apartheid d’un régime, basé sur un Islam shiite et aryaniste, réclamèrent à nouveau leur droit à étudier dans leur langue maternelle. Ce mouvement fut réprimé dans un bain de sang.
Mais après l’indépendance de l’Azerbaïdjan du Nord en 1991, le mouvement du Sud s’est affermi,  répandu, prenant une immense ampleur.

Les 22 et 23 Mai 2006, le quotidien officiel d’Etat appelé « Iran », a stigmatisé les Turcs de façon honteuse en les appelant des « cafards ». Dans ce journal, un supplément destiné aux enfants, présentait les Turcs comme des insectes sales et nuisibles, et un caricaturiste a même été récompensé grâce à la diaspora perse aux Etats-Unis par l’organisation internationale des caricaturistes dont le siège est aux Etats-Unis « pour son courage ». Quelle honte ! En les insultant de la sorte, plus encore, ses dessins entraînaient les petits Iraniens perses à considérer les Turcs non plus « comme des ânes », insulte traditionnelle, mais comme des bestioles répugnantes à exterminer.

Alors se dressèrent d’immenses manifestations populaires contre ce journal d’Etat en Azerbaïdjan du Sud et à Téhéran, où vivent cinq millions de Turcs selon les estimations de l’Etat.
Le 22 Mai, il ne s’agissait que de manifestations pacifiques, mais le 23 à Tabriz, Urmu et à Khyav, le couvre-feu fut imposé, la police spéciale des « gardiens de la Révolution » se lança à la poursuite des manifestants : une dizaine de morts, une centaines de blessés, et des centaines d’arrestations.

Depuis, l’Azerbaïdjan du Sud est devenu une véritable caserne, remplie de forces spéciales : les « pastaran », et en souvenir de cet évènement, chaque année, le 22 Mai, les Azerbaïdjanais, activistes et intellectuels suivis par des foules de simples citoyens, défilent pacifiquement pour commémorer les évènements de 2006.
Et chaque mois d’avril débute une grande vague d’arrestations destinées à empêcher ces manifestations de mémoire dont les premières victimes sont les intellectuels, journalistes et écrivains comme Akbar Azad, maître de la langue et de la littérature azerbaïdjanaise, qui s’est fait arrêter en 2010 pour la sixième fois malgré sa santé fragile, ainsi que des dizaines d’écrivains, poètes et journalistes souvent avec leur famille pour avoir commis le crime de défendre leur langue, d’écrire dans leur langue.

Où s’est donc enfui le respect de la parole, transmis par les Sumériens, première civilisation du monde, pour lesquels la parole était sacrée et divine ?

Que disait la Bible ?
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu ».

Que disait le Coran ?
« Lorsque Dieu décide une chose, il dit simplement « Sois ! », et elle existe aussitôt.

Dans la Torah aussi la Parole est sacrée et créatrice.

Dans bien d’autres religions se trouve l’identification de Dieu à la Parole. Par exemple, dans les Veda, premiers livres sacrés de l’Inde, tous les dieux étaient des entités masculines, mais il y en avait une, sans visage, une entité féminine au pouvoir immense, qui s’appelait VAC, la parole.

Et dans le chamanisme, surtout turco-mongol, comme l’a dit Mircea Eliade, le pouvoir de la parole crée, détruit, appelle, guérit, c’est le plus grand des pouvoirs.
Dieu est donc toujours identifié à la Parole.
Notre Pen-Club, qui existe par et pour la Parole, doit la défendre quand on l’offense, être le gardien de sa valeur éternelle, universelle, absolue.

Malheureusement en Iran, depuis 80 ans, jusqu’à nos jours, jamais aucun écrivain ni intellectuel iranien perse, sauf un seul, l’écrivain  Djelal Aleahmed, ne s’est jamais élevé contre ce culturocide : la persécution des langues non persanes. Il disait que l’Iran avait colonisé l’Azerbaïdjan du Sud, en essayant de détruire sa langue, pour le faire disparaître.

Chers amis, n’oublions pas que « le langage est la maison de l’Etre, dans cette maison habite l’Homme. Les penseurs et les poètes sont ceux qui veillent sur cet abri… » comme l’écrivit Martin Heidegger.

Jeanne Gamonet, écrivain, poète, linguiste française (membre du Pen Club international, section française)
Süleymanoğlu, écrivain, poète, turcologue, Azerbaïdjanais du Sud (membre du Pen Club international, section française)

Contact : gamonet.jeanne@wanadoo.fr
Pour obtenir plus d’informations sur l’Azerbaïdjan du Sud et les écrivains en prison, voir sur le Net notre site http://tutsaqyazarlar.blogspot.com

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This website was created by Mrs Jeanne Gamonet, Süleymanoğlu, members of the French branch of International Pen-Club and Vali Gözeten, writer and poet from South Azerbaïdjan who lives in Germany.

Our aim wants to reveal to the largest possible number of men who are real supporters of Human Rights the living conditions of the writers, poets and journalists of South Azerbaïdjan, who suffer a very strong oppression from a religious form of government who is distinguished by its fundamentalism, its heavy violence, and the establishment of a real apartheid situation in Iran, which strikes all the minorities, even the more considerable from a numerical and intellectual. point of view.

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